à quoi ressemblent nos journées ?
20 nœuds de vent, retour du soleil, on déboule à toute vitesse au portant direction les Açores ! Sur leur Dheler 41, Hervé et Annie (La grande Lulu) nous distancent mais très doucement ! Quel bonheur de naviguer à deux bateaux quand la météo est favorable pour Carmina. Nous sommes très contents de notre première journée à plus de 160 mn (300km en 24h).
N’étant pas très riches en vivres frais (les prix des Bahamas et des Bermudes nous ont fait sortir nos vieilles conserves et autres nouilles chinoises), notre nouveau bateau-copain nous a gentiment transmis un pot de levain et une recette de pain pour notre transat. Marco se transforme en boulanger tandis que Gillian ne cesse de guetter la météo.
Le capitaine ne souhaite en aucun cas se sentir ridicule à côté d’Hervé et son bolide des mers. Carmina a des preuves à faire ! C’est notre petit bonheur du matin : Le pain frais avec du beurre. Cela parait tout simple dit comme ça depuis son canapé à Paris, mais au milieu de l’océan, c’est d’une richesse rare !
Malheureusement la pêche n’est pas fructueuse. Après une mer de sargasses interminable, place aux physalies, ces étranges « superorganismes » flottant à la surface, souvent appelées « méduses à voile » (même si ce ne sont pas des méduses). Ces belles et étranges bestioles ont des tentacules tellement toxiques qu’elles peuvent tuer n’importe quel poisson cherchant à atteindre la surface. Nous nous tournons donc vers notre pain et nos nouilles chinoises.
La prise de météo récurrente et le contact journalier par mail via notre téléphone satellite avec La Grande Lulu nous permet de jouer avec les systèmes météo et de guetter la dépression qui est devant nous, à mi-chemin entre les Bermudes et les Açores. Les choix de cap et de voilure changent régulièrement. Il ne faut pas traîner pour éviter de se retrouver dans une bulle sans vent, mais en même temps ne pas se plonger dans la tempête qui nous offrirait des nuits bien mouillées.
Les journées sont sportives et fatigantes, le vent varie beaucoup et positionne Carmina dans tous les angles possibles par rapport à lui. Nous faisons des quarts de 3h, pas seulement la nuit, la journée aussi. On se voit donc très peu et rares sont les jours où nous sortons dehors sans ciré. L’ambiance est bien différente de celle de la transat aller mais beaucoup plus intéressante. Fini les sessions de guitare/harmonica et les grillades de dorade ! On retrouve notre météo bretonne d’automne au beau milieu de l’Atlantique.
Le pilote nous fait des surprises et nous passons quelques nuits à la barre. Une fois la dépression passée (nous n’avons pas eu plus de 30 nœuds de vent), les journées continuent de défiler et nous commençons à ne plus rêver que d’une chose: la côte de bœuf aux Açores (5€ le kg pour des élevages en extérieur 100% écolo!). Cela devient même notre principal sujet de conversation avec nos amis Hervé et Annie avec qui nous échangeons tous les jours par mail (topos météo).
11 jours plus tard, au petit matin, Gillian réveille Marco: « Viens voir dehors, t’as une surprise ». Flores, l’île de Jules Verne ! Marco pleure de joie devant l’île dont il a tant rêvé pendant des années! C’est sous le soleil et avec 15 nœuds de vent que nous longeons les magnifiques et hostiles falaises de cette île mystérieuse, couverte d’hortensia et ruisselantes de cascades. Nous accostons au petit port de Lajes (prononcé «Larès» en portugais) qui n’est pas très bien abrité, où les bateaux dansent et les amarres grincent. Nous sommes cependant heureux comme tout d’ouvrir le champagne avec la Grande Lulu arrivée un jour avant nous.